Le fils de la locataire a également échappé à une tentative de meurtre. Le mobile du propriétaire est encore flou, mais il y aurait eu des tensions autour d’impayés de loyers.
C’est le procès d’un carnage qui s’ouvre ce mardi devant la Cour d’assises du Tarn-et-Garonne. Eric G., propriétaire d’une maison qu’il avait mise en location à Montauban, va être jugé pour le double meurtre, en 2019, de sa locataire et de la petite amie du fils de celle-ci. Il a également tenté de s’en prendre à ce dernier, qui est parvenu à s’enfuir.
“Mes clients attendent des explications, de savoir comment on a pu en arriver là”, explique pour RMC Crime Me Christian Etelin, qui représente la famille de la petite amie du fils, Laura, tuée lors de cette soirée.
Mais Eric G. saura-t-il répondre de ses actes? Selon l’avocat, l’accusé s’est toujours “cadenassé” lorsqu’on l’interrogeait sur les raisons de son passage à l’acte. Il ne serait pas en mesure d’expliquer ses gestes, même si son discernement n’a pas été jugé aboli lors des meurtres. “On peut espérer qu’il fasse un effort, avec le climat de l’audience”, ajoute Christian Etelin, optimiste.
Des tensions autour de loyers impayés?
Comme le racontent notamment nos confrères de La Dépêche, c’est vers 4 heures du matin, le 14 novembre 2019, que les policiers interviennent dans une petite maison de Montauban. À l’intérieur, gisant au pied de l’escalier, se trouve la locataire, Emilie, 38 ans. Celle-ci présente de nombreuses plaies par arme blanche.
À l’étage, une autre victime est retrouvée. Il s’agit de Laura, la petite amie du fils d’Emilie, 18 ans. Un fusil est découvert à côté de son corps et semble avoir servi à l’abattre. À l’extérieur, le fils, Mehdi, également âgé de 18 ans, dit avoir assisté à l’agression de sa mère par un homme qui s’est introduit chez eux. Après avoir tenté de s’interposer, le jeune homme parvient à prendre la fuite pour alerter les secours.
Quelques semaines plus tard, les enquêteurs identifient le propriétaire des lieux, qui s’était vraisemblablement préparé, en se munissant d’une arme à feu et d’une pioche, selon nos informations. Selon Me Christian Etelin, l’individu aurait pu être poussé par un “appétit de puissance” par rapport à sa locataire, qui aurait eu des dettes de loyer.
La préméditation a été retenue dans le cas du meurtre d’Emilie Gayrard, puisqu’Eric G. est arrivé lourdement armé. Mais celui de Laura échappe à la qualification d’assassinat: le propriétaire s’en est sûrement pris à elle et à Mehdi en se rendant compte qu’ils avaient été témoins de la scène.
“Un égarement complet de l’institution judiciaire”
Par ailleurs, un autre procès devrait se jouer en sous-texte: celui du système judiciaire lui-même, qui a vu pendant plusieurs semaines le fils d’Emilie Gayrard comme le parfait coupable. Pour toutes preuves, les enquêteurs avançaient qu’il n’y avait pas d’effraction dans la maison, et que Mehdi, qui venait d’assister à l’assassinat de sa mère et au meurtre de sa petite amie, tenait un discours incohérent lorsqu’il a appelé à l’aide.
“Il y a eu un égarement complet de l’institution judiciaire qui, ne pouvant pas penser que le crime ait été commis par le propriétaire, a fait peser la responsabilité sur le petit Mehdi pendant un mois”, estime l’avocat.
“Tout laissait penser qu’il était impossible que ce soit lui, et pourtant, il a été désigné comme coupable. C’est effrayant.”
D’autant qu’une preuve de taille passe d’abord sous le nez des enquêteurs: Eric G. a laissé dans la chambre d’Emilie Gayrard une paire de lunettes. Mais cet élément, qui n’a rien à faire là, ne retient pas tout de suite l’attention. Il faudra attendre de nouvelles analyses pour que son ADN soit trouvé sur l’objet, et que des traces de sang appartenant à Laura soit découvertes dans la voiture du propriétaire.
Jugé pendant quatre jours, il risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Contacté, l’avocat d’Eric G. n’a pas donné suite à notre sollicitation.