La Floride envisage de forcer ces lycéennes à communiquer les dates de leurs règles

ÉTATS-UNIS – « Quel âge aviez-vous lorsque vous avez eu vos premières règles ? »

« À quand remontent vos dernières règles ? » « Quelle est la durée moyenne de vos cycles ? » Voici le type de questions sur les menstruations qui figurent sur le formulaire d’évaluation physique de certains lycées aux État-Unis à destination des lycéennes. En Floride, y répondre est aujourd’hui facultatif, mais cela pourrait devenir obligatoire. C’est en tout cas ce que suggère la Florida High School Athletics Association (FHSAA), un organisme dont le but est d’organiser les compétitions sportives pour les lycées au nom de l’État.

Si le Texas et d’autres lycées, notamment à Austin, Dallas, Houston et Fort Worth imposent ces questions sur les règles, d’autres États se contentent généralement d’un certificat d’aptitude fait par un prestataire médical, affirmant que l’athlète est en bonne santé. Les détails médicaux des jeunes ne sont alors pas transmis à l’administration scolaire. Craig Damon, directeur exécutif de la FHSAA, a déclaré que l’ensemble du dossier était remis aux écoles afin qu’elles puissent « fournir toute information médicale nécessaire » à un agent de santé qui aide un élève malade ou blessé.

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Protéger les données dans l’ère post-Roe v. Wade

Il y a quelques mois déjà, un article du Palm Beach Post, un média local, dénonçait le fait que certains établissements stockent ces informations médicales en ligne, par le biais d’un logiciel tiers, Aktivate, susceptible d’être cité à comparaître devant un tribunal. Alors que l’avortement est désormais sévèrement limité en Floride, la question de la protection des dossiers médicaux est plus que jamais un enjeu crucial.

Alors que cet article a relancé le débat, la FHSAA a décidé de se réunir les 26 et 27 février prochain pour définir un cadre à ces pratiques et potentiellement les rendre obligatoires. Avec un risque majeur, dénoncé par les familles : le stockage des données personnelles de ces jeunes filles pourrait les mettre en danger dans cette ère post-Roe v. Wade. Les formulaires seraient conservés par tous les districts scolaires de l’État pendant sept ans avant d’être détruits, selon NBC News.

La Floride a interdit l’avortement à partir de 15 semaines de grossesse en août dernier. Les seules exceptions prises en compte par cette nouvelle loi sont celles d’un « risque grave » pour la santé de la femme ou d’une anomalie létale du fœtus, mais pas le viol ou l’inceste. En août dernier, une adolescente de 16 ans, enceinte de dix semaines, s’était vue refuser le droit d’avorter à Pensacola, en Floride. La cour d’appel a estimé qu’elle n’était « pas suffisamment mature » pour faire le choix de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

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Plus généralement se pose le problème de l’accessibilité ou non aux compétitions pour les sportives qui ne répondraient pas à ces questions. Certains médecins, s’ils admettent l’importance de connaître les antécédents médicaux des athlètes et soulignent que des menstruations irrégulières peuvent être un signe à surveiller, ne voient pas pourquoi les écoles auraient besoin de ces informations.

Discrimination des femmes trans

Cette éventuelle obligation constituerait également un problème majeur pour les lycéennes transgenres, qui pourraient être obligées de dévoiler leur transidentité en répondant à ces questions. Cela serait tout à fait en accord avec la politique du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, qui a approuvé en juin dernier un projet de loi interdisant aux étudiantes transgenres de jouer dans des équipes sportives féminines. Par ailleurs, les athlètes intersexes qui n’ont pas de règles ou qui connaissent des irrégularités menstruelles risquent également d’être soumis à un examen approfondi dans le cadre des examens sportifs de Floride.

« Il s’agit clairement d’un effort visant à stigmatiser et à diaboliser davantage les personnes transgenres dans le sport et à exclure davantage les personnes qui n’ont pas été assignées comme femmes à la naissance dans les sports de filles », a déclaré Maxx Fenning, président de PRISM, une organisation à but non lucratif du sud de la Floride qui fournit des informations sur la santé sexuelle aux jeunes LGBTQ+, auprès du Tampa Bay Times.

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« Au-delà de cela, je pense que les étudiants LGBTQ+ et non LGBTQ+ sont inquiets. Il s’agit d’un mode extrêmement invasif de glaner des informations sur l’histoire reproductive d’une personne, ce qui est particulièrement dangereux dans le monde post-Roe dans lequel nous vivons », ajoute-t-il.

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