La revalorisation des petites retraites est l’une des promesses de la réforme du gouvernement débattue cette semaine à l’Assemblée nationale. Mais alors, que vont toucher les retraités qui ont cotisé toute leur vie avec un faible salaire ?
La confusion règne autour des conséquences de la réforme des retraites, en ce moment débattue à l’Assemblée nationale. Si certains aspects du texte font encore l’objet de négociations politiques, le sort des petites retraites semble néanmoins arrêté. Alors, comment calculer sa pension de retraite si l’on a cotisé toute sa vie à un salaire proche du SMIC ?
Comment calculer sa pension de retraite
Le niveau de sa pension de retraite dépend de l’âge de départ, de la durée de cotisation à l’assurance retraite (en années ou en trimestres), et bien sûr du montant des revenus perçus tout au long de sa vie. Dans le cas d’un salarié, il s’agit des 25 meilleures années de sa vie. Le calcul est réalisé à partir de la moyenne de son salaire annuel brut.
Une fois atteint l’âge où vous pouvez déclarer votre départ à la retraite, c’est-à-dire 62 ans ou 64 ans selon si vous êtes concerné par la réforme (la génération de 1968 et plus), vous pourrez demander votre pension à taux plein si vous avez cotisé assez longtemps. C’est-à-dire que le montant de vos revenus moyens sera multiplié par un certain taux, soit 50 % au maximum. La retraite à taux plein s’acquiert à partir de 172 trimestres validés (43 ans) pour les personnes nées à partir de 1973. Un trimestre correspond à 150 heures payées au SMIC. Si vous ne les avez pas accumulés, il faudra atteindre 67 ans pour partir à la retraite en ayant accumulé tous vos droits. Vous pourrez partir avant, mais vous aurez moins d’argent tous les mois (une décote s’applique de 1,25 % par trimestre manquant, mais ce taux ne peut aller en dessous de 37,5 %). Si vous partez après, votre retraite sera revalorisée de la même manière. Il existe de nombreux cas particuliers qui permettent de partir à taux plein sans avoir tous ses trimestres (carrières longues, être mère d’au moins 3 enfants, être en situation de handicap ou d’incapacité…). Plus d’infos sur le site service-public.fr.
Le calcul est donc de : 20 058 (SMIC annuel brut en euros en 2023) x 50 % (pour le taux plein) x 172 /172 (durée de cotisation divisée par la durée de référence) = 835,75 euros bruts. Ce chiffre est particulièrement élevé, car le SMIC a augmenté ces dernières années, ce qui ne correspond pas à sa valeur d’il y a 10 ans par exemple. Si l’on prend la valeur moyenne du SMIC annuel de ces 20 dernières années, soit 16 500 euros, le montant de la retraite de base chute à 687,50 euros bruts.
En plus de cette retraite de base versée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), le salarié cotise aussi à la retraite complémentaire, versée par l’Agirc-Arrco. Ce système permet quant à lui d’acquérir toute sa vie des points d’une certaine valeur en euros (la valeur du point change chaque année). La retraite complémentaire vient améliorer le montant de la retraite de base. Si par exemple vous avez un total de 3 000 points, vous les multipliez par la valeur du point de l’année en cours (1,34 pour 2022) pour avoir le montant de votre pension complémentaire annuelle. Dans ce cas, cela équivaut à 335 euros bruts par mois.
À ce montant brut, il faut enlever les diverses cotisations, comme la CSG. On estime qu’un retraité payé au SMIC toute sa vie va toucher environ 1 058 euros nets de pension retraite.
Les dispositifs existants pour les petites retraites
Afin de garantir aux retraités smicards un minimum de revenus pour vivre dignement, il existe un dispositif appelé le minimum contributif, soit une pension minimum.
Si la retraite de base d’une personne est inférieure à son montant, elle est augmentée d’autant pour l’atteindre. Actuellement, le minimum contributif est fixé à 748 euros. Le gouvernement veut l’augmenter de 100 euros (voir plus loin). Toutefois, le minimum contributif ne peut permettre de porter le total des pensions perçues (de base et complémentaire) au-delà de 1 309,75 euros. Il est calculé automatiquement pour la personne qui y a le droit.
Le calcul de sa pension retraite, un calcul compliqué qui va changer après le vote de la réforme Unsplash
Pour en bénéficier, il faut cependant être éligible à la retraite de base à taux plein, et avoir cotisé au moins 120 trimestres (on dit “minimum contributif majoré”). Si la durée de cotisation est inférieure à 120 trimestres, le minimum contributif diminue à 684 euros bruts.
Les retraités qui ont eu des bas salaires toute leur vie peuvent aussi, sous certaines conditions, bénéficier de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Son montant varie selon les ressources et la composition du ménage et permet pour les personnes seules de bénéficier de 906 euros par mois, et pour un couple de 1 407 euros. Les retraités concernés doivent demander cette allocation auprès de leur caisse de retraite.
Ce que la réforme va changer pour les petites retraites
Le gouvernement a promis de revaloriser les petites retraites à 85 % du SMIC ou 1 200 euros, grâce à l’augmentation du minimum contributif à hauteur de 100 euros. Un dispositif déjà prévu dans la loi de 2003, mais qui n’était pas appliqué.
“Le gouvernement s’est engagé à porter cette pension minimum à 1 200 euros, mais il y a une entourloupe. Il s’agit de 85 % du SMIC net, soit 1 150 euros, un montant brut dont on déduit encore la CSG et la CRDS, ce qui fait environ 1 120 euros, c’est-à-dire 81,5 % du SMIC net“, explique Henri Sterdyniak, membre des Économistes Atterrés. Par ailleurs, depuis 2003, les personnes au SMIC touchent aussi la prime d’activité. “Si on avait vraiment voulu garder ce ratio, il aurait fallu donner 1 315 euros, soit 85 % du SMIC avec la prime d’activité”, ajoute-t-il. Il s’agit en outre de la valeur du SMIC le jour où l’on prend sa retraite : la pension de retraite ne suivra que les prix, et pas la revalorisation du salaire minimum au fil des années.
On estime que cette mesure va concerner un tiers des petites retraites.
Mais les personnes qui pourront avoir le droit à une retraite à hauteur de 1 150 euros seront celles qui auront liquidé leur retraite à taux plein, soit en partant à 67 ans, soit en ayant accumulé tous leurs trimestres. “Cette mesure concerne essentiellement les personnes aux petits salaires qui ont travaillé longtemps. On estime que cette mesure va concerner un tiers des petites retraites. Le but de la manœuvre est de pousser les gens à liquider leurs droits une fois qu’ils sont à taux plein. Sinon, peut-être qu’ils s’arrêteraient de travailler avant en ce disant qu’ils auront le minimum contributif. Les personnes qui sont parties avant, à cause de la pénibilité de leur travail, ou parce qu’elles ont fait des carrières morcelées, n’auront pas droit à cette augmentation du minimum contributif”, ajoute l’économiste.
Cette augmentation de 100 euros devrait être appliquée aussi aux retraités actuels qui y ont le droit. La loi actuellement débattue envisage que l’augmentation de leur retraite soit effective d’ici septembre 2024.
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